• L'hiver...Dur Dur !!!

    Gérer et nourrir des chevaux par temps froid

    Auteur : Dr. Nadia Cymbaluk/Carberry Manitoba
    Date de création : 01 décembre 2001
    Dernière révision : 01 décembre 2001


    Thermorégulation par temps froid

    Les chevaux réagissent au froid de deux façons : intensément (à l'immédiat) et chroniquement (adaptation ou acclimatation). En cas de changement soudain de la température, la réaction immédiate d'un cheval sera de modifier son comportement. Les chevaux chercheront à se mettre à l'abri du froid et du vent, ou se mettront en cercle pour diminuer les pertes de chaleur. Les chevaux cessent de fourrager et de se déplacer pour conserver l'énergie. Dans des conditions froides et venteuses, les chevaux restent typiquement debout, la tête à l'abri du vent, et la queue basse au vent. Le frissonnement ainsi que d'autres activités musculaires volontaires peuvent produire une importante chaleur corporelle. Il arrive souvent de voir des chevaux courir par temps froid. En effet, la contraction musculaire liée aux activités physiques, comme la course, résulte en une production de chaleur. En se dissipant, celle-ci réchauffe les organes internes du cheval (cœur, foie, intestins, etc.). La sécrétion d'hormone par la glande thyroïde augmente lors d'une exposition soudaine au froid chez les chevaux adultes, mais cette réaction est de courte durée. Les chevaux réduisent le débit sanguin aux extrémités, comme dans les parties inférieures de la jambe, les oreilles et le museau (par vasoconstriction). De plus, leurs poils se raidissent (piloérection) pour augmenter la profondeur de leur pelage.

    Les chevaux exposés à un temps froid chronique et constant s'acclimatent au froid. Typiquement, les chevaux ont besoin d'entre 10 à 21 jours pour s'adapter au froid. Par exemple, un cheval acclimaté à 20 °C et exposé à une température de 5 °C aura besoin de 10 à 21 jours pour s'adapter au changement. À 5 °C, le cheval aura encore besoin de 10 à 21 jours pour s'adapter. Ce processus continuera jusqu'à -15 °C, soit la température critique inférieure (TCI). Dès lors, des changements physiologiques et l'intervention humaine, comme la prestation d'un abri et/ou d'une alimentation supplémentaire, seront nécessaires pour aider le cheval à faire face au froid. Entre autres modifications physiologiques, on observera une augmentation de la densité et de la longueur du pelage du cheval. La température corporelle et le rythme respiratoire diminuent pour lui permettre de conserver sa chaleur et son énergie. La température des parties inférieures des pattes, des oreilles et du museau diminue parce que le sang est détourné des extrémités pour réduire la perte de chaleur superficielle.

    La capacité du cheval de s'adapter au froid dépend de la durée de l'exposition au froid et de sa consommation énergétique. Ce facteur est le plus critique quand vient le temps de déterminer avec quelle facilité le cheval deviendra tolérant au froid. Les chevaux perdent du poids s'ils ne consomment pas assez d'énergie pour compenser la perte de chaleur due à la fraîcheur de l'air environnant. Une nourriture abondante, de bonne qualité est nécessaire pour fournir assez d'énergie au cheval. Les chevaux gras peuvent mobiliser certains de leurs dépôts adipeux comme source d'énergie pendant de courtes vagues de froid. Cependant, une bonne nourriture en quantité suffisante représente la meilleure solution pour que les chevaux restent en bonne santé pendant l'hiver. Les chevaux bien nourris s'adaptent sans problème au temps froid, tandis que les chevaux mal nourris perdent du poids ainsi que leur tolérance au froid. Des chevaux d'un an bénéficiant d'une nourriture abondante de haute qualité peuvent tolérer des températures aussi basses que -11 °C sans conséquences néfastes. Les chevaux mangent généralement pour répondre à leurs besoins énergétiques. Par temps froid, une alimentation abondante en foin de bonne qualité représente la façon la plus simple de s'assurer que le cheval répondra à ses exigences énergétiques.

    Gestion de chevaux par temps froid

    Cheval

    Divers facteurs ont un effet sur la capacité d'un cheval à résister au froid. Les grands chevaux corpulents, par exemple, les chevaux de trait, peuvent beaucoup mieux résister au froid en raison de leur superficie corporelle relative inférieure par unité de poids (ratio superficie : poids). Les Belges sont plus tolérants au froid que les Pur-sang. Les poulains nouveau-nés présentent une faible tolérance au froid. Les chevaux âgés d'un an ou moins sont moins tolérants au froid que les chevaux adultes. À la fin de leur grossesse (9e mois et plus), les exigences énergétiques des juments augmentent. Il s'ensuit une diminution de la tolérance au froid. Cependant, une jument enceinte adaptée à l'hiver et bien alimentée, ne court pas un risque plus élevé qu'un hongre. Une mauvaise dentition, les parasites et la maladie diminuent aussi la tolérance des chevaux au froid.

    Abri

    Les chevaux maintenus dans un abri peuvent conserver jusqu'à 20 % plus de chaleur corporelle que les chevaux maintenus dans un secteur exposé. Un abri trilatéral représente une protection efficace des vents froids et de la neige. Un abri typique devrait avoir huit mètres de profondeur et fournir une zone de 7,5 à 9 m2 par cheval pour qu'ils puissent se coucher. On doit fournir une litière adéquate, en paille de préférence, dans un abri, et ce surtout pour les jeunes chevaux. Les promontoires avec une bonne litière, les ravins et les secteurs boisés peuvent servir de solution de rechange. Les animaux qui peuvent se coucher, arrivent à réduire la perte de chaleur superficielle par 20 à 25 %.

    Alimentation

    Seule la quantité d'aliments énergétiques doit être augmentée pour les chevaux maintenus à des températures plus basses que leur TCI. Le TCI des chevaux adultes ou en pleine croissance au Canada est de -15 °C et 0 °C, respectivement. La consommation énergétique de maintenance pour les chevaux adultes doit être augmentée de 2,5 % par degré Celsius sous la barre de -15 °C ou soit 2 % plus de nourriture. Pour fournir de l'énergie additionnelle à des chevaux immobiles, adultes, maintenus à l'extérieur par temps froid, il n'y a pas de moyen plus facile et approprié que de les nourrir de foin de bonne qualité. Les chevaux augmentent leur consommation de nourriture volontairement s'il y a lieu. Ils peuvent se nourrir de foin à leur gré (sans risque de contracter une laminite). Cependant, les propriétaires qui limitent la consommation de leurs chevaux devraient veiller à ce qu'ils mangent 2 % plus de nourriture par degré sous la barre des -15 °C. Les groupes de chevaux maintenus au grand air doivent être nourris de façon à réduire la concurrence entre eux. Les chevaux en groupes ont typiquement un ordre hiérarchique pour l'alimentation et le lieu où ils s'alimentent. Souvent, les chevaux timides tendront à maigrir, même si la nourriture est abondante, parce que les chevaux dominants du groupe ne leur permettront pas de manger. Toutes sortes de mangeoires, y compris celles dans des zones propres enneigées, peuvent être utilisées, tant et aussi longtemps qu'il y a assez d'espace (une distance de trois à quinze mètres d'intervalle) entre les chevaux du groupe. Les mangeoires représentent la solution idéale puisqu'ils réduisent le gaspillage de nourriture de 25 %. Ce qui est particulièrement vrai pour celles dotées d'un plancher. On devrait aussi fournir du sel et des minéraux. Les chevaux doivent toujours avoir accès à de l'eau fraîche et propre. La neige est un remplaçant peu convenable. Un cheval doit consommer dix fois plus de neige que d'eau pour satisfaire ses exigences. Le cheval doit alors utiliser de l'énergie pour faire passer la neige de la température ambiante extérieure à la température de son corps (soit 37 °C). Il s'agit d'une immense perte d'énergie qui, si elle est jumelée à une alimentation de foin difficilement digestible, peut mener à un enclavement intestinal.

    Directives pour nourrir les chevaux par temps froid

    1. La méthode la plus facile de nourrir des chevaux par temps froid est aussi la plus simple : fournissez-leur une quantité illimitée de fourrages de haute qualité. La plupart des chevaux mangent de 2 à 2,5 % de leur poids en foin par jour. Un cheval de 600 kg (1 320 livres) mangera entre 12 et 15 kg (26 à 33 livres) de foin par jour, soit la moitié d'une balle carrée de 65 livres par jour.
    2. Si vous limitez l'alimentation des chevaux maintenus au grand air, les adultes, nourris pour la maintenance, auront besoin de 2 % plus de nourriture par degré sous le seuil de température critique (-15 °C). À -40 °C, le cheval aura besoin de 4,5 à 5 kg (10 à 12 livres) plus de nourriture qu'il en mangeait à une température au-dessus de -15 °C.
    3. Utiliser des foins facilement digestibles et en fournir une quantité suffisante. Des foins rudes trop mûrs sont faibles en énergie et possèdent un taux élevé de fibres indigestes. Par temps froid, quand les exigences énergétiques sont élevées, les foins rudes trop mûrs ne fournissent pas suffisamment d'énergie et, en outre, si le cheval ne consomme pas assez d'eau, ils peuvent causer des enclavements intestinaux. Par contre, il est possible d'ajouter du grain au régime. Il faut toutefois user de prudence avant d'en ajouter à la diète des chevaux qui n'y sont pas accoutumés puisque cela peut causer une laminite. Tous les chevaux alimentés en grain devraient tout d'abord y être graduellement adaptés par petites quantités sur une période de 7 à 10 jours.
    4. Un supplément de vitamines A, D et E peut être nécessaire. Un mélange vitamines/minéraux approprié est tout indiqué. Un mélange calcium-phosphate fortifié 2:1 est recommandé pour les alimentations en foin d'herbes et un mélange 1:1 est recommandé pour celles en foin de luzerne.
    5. Fournissez une quantité adéquate d'eau chaude (2 à 10 °C) s'il y a lieu. L'eau permet de maintenir l'appétit et les fonctions digestives. La neige n'est pas un substitut approprié.
    6. S'il y a lieu, un abri avec une bonne litière, exposé au sud ou à l'est est utile pour les jeunes et les vieux chevaux. En outre, accordez-leur une protection du vent en leur fournissant une zone de litière derrière des amas de neige, des promontoires ou des arbres ou dans des ravins. Les chevaux pouvant se coucher conserveront mieux leur chaleur corporelle

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